Health in the Americas 2022

Accélération de l'Initiative d’élimination des maladies

Chapitre 5. Parvenir à l’élimination

Mère autochtone et sa fille en Amérique Latine

Résumé

Depuis le lancement de l’Initiative d’élimination des maladies, l’OPS et les États Membres ont documenté les défis, les enseignements et les stratégies efficaces. La pérennité des progrès nécessite cependant une approche multidimensionnelle. En mettant l’accent sur la participation communautaire, en intervenant sur les déterminants sociaux et environnementaux de la santé et en ajustant les interventions aux contextes locaux, les programmes d’élimination des maladies peuvent atteindre plus efficacement cette élimination et être bénéfiques à tous. En combinant les ressources et en s’attaquant à plusieurs maladies dans une optique systémique, cette approche vise à atteindre des objectifs durables d’élimination des maladies, tout en favorisant l’équité lors de la prestation des services et en ouvrant la voie à un monde plus juste et plus sain pour tous. L’OPS et les États Membres peuvent appliquer les enseignements tirés de l’Initiative d’élimination des maladies pour continuer à mettre en place des systèmes de santé résilients capables de maintenir leurs capacités et de répondre efficacement aux maladies émergentes et aux défis futurs.

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Impact de l'Initiative d'élimination des maladies

Bien que la Région des Amériques ait franchi des étapes remarquables de l’élimination des maladies au cours des dernières décennies, des défis persistent, notamment en raison des revers dus à la COVID-19. La Région peut s’appuyer sur les réussites passées en utilisant les outils et les stratégies disponibles, notamment les programmes de vaccination universelle, les tests rapides réalisés aux points de service, et les ensembles de services intégrés comme l’initiative Élimination de la transmission mère-enfant Plus. Atteindre les cibles d’élimination nécessite également une administration massive de médicaments pour lutter contre les maladies infectieuses négligées, des actions intégrées pour réduire la morbidité et le handicap, et des solutions innovantes pour les maladies à transmission vectorielle. Les technologies de pointe telles que les systèmes radiographiques portables améliorés par l’intelligence artificielle, la télémédecine et les plateformes de surveillance et de diagnostic colligeant plusieurs maladies peuvent accroître l’efficience des ressources et améliorer les services intégrés. L’Initiative d’élimination des maladies aide à mettre en synergie ces ressources et ces stratégies d'un programme de lutte contre les maladies à l'autre, en favorisant la collaboration aux niveaux local et national pour avoir un impact optimal sur les maladies transmissibles.

Investir dans l’élimination des maladies favorise fortement le bien-être des personnes, des communautés, des nations et des économies. Les interventions de lutte contre les maladies infectieuses négligées sont très rentables : leur bénéfice net est en effet d’environ US$ 25 pour chaque dollar investi, ce qui se traduit par un taux de rendement annualisé de 30 % (1). Les avantages socio-économiques mondiaux de l’élimination de maladies telles que la lèpre, la leishmaniose et la maladie de Chagas ont été estimés à US$ 16,6 milliards pour la période 2021-2030, avec une réduction supplémentaire de US$ 10,4 milliards des dépenses directement prises en charge par les patients (2). Les rendements estimés pour chaque dollar investi dans le diagnostic et le traitement de la tuberculose varient de US$ 30 à US$ 115, et la lutte contre l’épidémie de VIH pourrait permettre d’éviter US$ 24 milliards de coûts de traitement du VIH d’ici à 2030 et de multiplier par 15 le rendement des investissements des pays dans la lutte contre cette infection (3, 4). Chaque dollar investi dans la vaccination génère un retour sur investissement de US$ 26,35 (5).

L’Initiative d’élimination des maladies est un appel crucial à l’action pour que les pays s’attaquent aux maladies transmissibles qui affectent le plus leurs populations. La mobilisation des expertises régionales, la promotion du plaidoyer et de la communication aux plus hauts niveaux, et l’établissement de partenariats solides, notamment des collaborations public-privé et la participation des communautés, peuvent avoir un grand impact. La collaboration transfrontalière est une voie essentielle pour relever les défis communs, établir des alliances stratégiques avec les donateurs, intégrer les efforts d’élimination aux soins de santé primaires et accroître la synergie entre les divers programmes. Tirer parti d’outils et de stratégies éprouvés sera crucial pour atteindre et maintenir les cibles d’élimination. Le moment est venu de conjuguer les efforts pour lutter contre les maladies transmissibles.

Principales défis

L’OPS et les États Membres ont déterminé les défis qui doivent être relevés pour maximiser le potentiel de l’initiative, et ces derniers sont présentés ci-dessous.

Contraintes de financement et de ressources 

Le financement des soins de santé est déjà à peine suffisant et, dans le contexte des MNT, des changements climatiques et d’autres besoins émergents en matière de santé, les budgets consacrés aux maladies transmissibles sont souvent insuffisants. Un autre défi est la mise en œuvre de l’Initiative d’élimination des maladies au sein de systèmes de santé organisés autour de maladies envisagées de manière cloisonnée, chaque maladie faisant l’objet d’un budget programme indépendant. Le financement fragmenté et cloisonné réduit l’efficience en entraînant une redondance des efforts, une mauvaise coordination, des charges administratives, la délivrance aux patients de soins fragmentés et une flexibilité réduite pour répondre à des besoins en matière de santé qui évoluent constamment. Cette approche nuit à la capacité du système à fournir des soins complets et rentables, et à relever les défis de santé publique.

Iniquités en matière de santé

La répartition inégale des ressources de santé permet aux maladies de persister dans les communautés mal desservies, ce qui crée des réservoirs qui nuisent aux progrès. L’accès limité aux services de santé réduit l’efficacité réelle des interventions de prévention et de traitement dans les groupes marginalisés, tout en retardant la détection et la riposte aux flambées épidémiques. La stigmatisation et la discrimination peuvent également dissuader les personnes d'avoir recours au dépistage et au traitement des maladies. Ces disparités se traduisent par une couverture incomplète des stratégies d’élimination et exacerbent les facteurs socio-économiques qui perpétuent la transmission des maladies. Envisagés globalement, ces problèmes pénalisent l’impact des efforts d’élimination.

Pérenniser l'élimination

L’Initiative d’élimination des maladies ne vise pas seulement à concrétiser l’élimination des maladies, mais aussi à pérenniser les acquis. Il peut cependant être difficile de plaider en faveur d’efforts soutenus (de vaccination, par exemple) lorsque la perception du public à l’égard du risque de maladie est faible. Une surveillance constante est nécessaire pour réduire au minimum la menace de réintroduction. Par exemple, bien que la Région ait maintenu l’élimination de la rubéole et de la rubéole congénitale, elle a temporairement perdu sa certification d’élimination de la rougeole entre 2013 et 2015 en raison de flambées épidémiques au Brésil et en République bolivarienne du Venezuela. L’intégration des efforts d’élimination à des systèmes de santé élargis, plutôt qu’un simple appui sur des programmes propres à chacune des maladies, pourrait garantir des engagements à long terme. L’intégration des objectifs d’élimination aux initiatives globales de santé peut créer un cadre résilient permettant de renforcer les capacités actuelles de vigilance et d’intervention.

Participation multisectorielle pour plus de 30 maladies et problèmes

Bien que les dirigeants nationaux se soient engagés dans l’Initiative d’élimination des maladies, il est complexe de faire participer des parties prenantes locales à une approche envisageant de multiples maladies. Par exemple, il existe une longue histoire de plaidoyer de la société civile dans le domaine du VIH, ainsi que pour d’autres maladies bien connues comme le paludisme et la tuberculose. Cependant, ce plaidoyer a traditionnellement été axé sur certaines maladies, en incluant les déterminants sociaux des personnes les plus à risque. Dans ce contexte, il peut être difficile d’encourager les défenseurs à élargir leur plaidoyer à d’autres maladies, par exemple les maladies infectieuses négligées et les zoonoses.

Défis des technologies et de l’innovation 

L’élimination des maladies dans la Région des Amériques est confrontée à d’importants défis technologiques, notamment l’insuffisance des travaux de recherche-développement axés sur les besoins et de l’accès aux technologies sanitaires, telles que celles nécessaires à la surveillance, aux diagnostics et aux traitements. De plus, si les avancées en santé numérique sont prometteuses, des difficultés d’intégration des données et des problèmes d’interopérabilité des systèmes d’information sanitaire persistent. La prestation des services est entravée par des capacités limitées de diagnostic et de surveillance (en particulier dans les régions éloignées), des systèmes de laboratoire de santé publique non intégrés, une résistance aux antimicrobiens et des lacunes d’infrastructure en télémédecine. La Région a également du mal à mettre en œuvre l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique dans le domaine des soins de santé. Il existe toujours des problèmes de logistique et de gestion de la chaîne d’approvisionnement, notamment des problèmes de prévision et des défis liés à l'entreposage et à la distribution. De plus, de nombreuses technologies essentielles de la santé ne sont pas disponibles de manière élargie ou sont inabordables pour une utilisation à grande échelle.

Migration

La migration au sein de la Région des Amériques est motivée par les disparités économiques, l’instabilité politique, la violence et les problèmes environnementaux, ce qui crée divers schémas de déplacement au sein des pays et d'un pays à l'autre. Cette réalité entraîne des défis de gestion des maladies transmissibles dans la mesure où elle rend possible leur transmission transfrontalière et perturbe les traitements en cours. Les migrants sont souvent confrontés à un accès limité aux soins de santé, ce qui crée des lacunes en matière de vaccination et accroît les risques de transmission en raison des conditions de vie lors des déplacements ou dans les installations temporaires. Il reste difficile d’assurer une surveillance efficace des communautés migrantes. Les impacts des changements climatiques, les barrières culturelles et linguistiques, les systèmes de santé surchargés et les problèmes de statut juridique compliquent encore les efforts de lutte contre les maladies infectieuses. Pris collectivement, ces facteurs interreliés ont une incidence sur la gestion de la santé publique, dans les zones d’origine comme de destination.

Accélérer le programme

L’OPS et ses États Membres ont déterminé les moyens ci-dessous pour garantir que les progrès se poursuivent vers les objectifs définis pour 2030.

Plaider en faveur d’un soutien politique et financier continu

L’Initiative d’élimination des maladies elle-même offre une vision commune à la Région. Les États Membres ont utilisé avec succès cette plateforme pour plaider en faveur d’un soutien élargi de la part des institutions gouvernementales et des partenaires multisectoriels, mais il reste encore beaucoup à faire. Depuis sa relance en 2023, une certaine dynamique a été retrouvée. La promotion continue des objectifs ambitieux de l’initiative est cruciale pour obtenir un soutien supplémentaire. Les défenseurs peuvent tirer les enseignements de la pandémie de COVID-19 pour souligner l’importance de l’élimination des maladies et du renforcement des systèmes de santé. De plus, les Fonds renouvelables régionaux contribuent à assurer l’accès à des technologies de santé abordables et de haute qualité.

Renforcer la participation communautaire

Pour relever les défis de la mise en œuvre de l’Initiative d’élimination des maladies, l’OPS et ses États Membres doivent faire participer les communautés et la société civile à tous les aspects des programmes de lutte contre les maladies transmissibles. Cette participation permet de garantir que les stratégies sont appropriées et appuyées à l’échelle locale. Les communautés peuvent fournir des informations sur les préjugés culturels, les raisons d’un recours insuffisant à certains programmes (la vaccination, par exemple) et des idées pour stimuler la participation. Le renforcement des capacités des équipes locales est essentiel pour recueillir et intégrer efficacement les informations recueillies au niveau communautaire à des stratégies de santé élargies.

Améliorer les services interculturels

Les facteurs sociaux et environnementaux influencent fortement la transmission des maladies, ce qui rend nécessaires des stratégies qui s’attaquent aux causes profondes des disparités en matière de santé. Il est essentiel de prioriser les communautés marginalisées, ce qui nécessite une compréhension nuancée de l’équité en santé. Développer des services ajustés sur le plan culturel, aborder des questions comme la réticence à la vaccination, s’adresser aux populations transfrontalières et migrantes et intégrer la médecine traditionnelle, le cas échéant, autant d’actions qui garantissent que les services de santé sont plus accessibles et plus acceptables pour les diverses communautés. Les stratégies doivent être ajustées à l’emplacement visé, c'est-à-dire adaptées pour tenir compte des vulnérabilités relevées dans divers contextes, tels que les bidonvilles.

Renforcer la mise en œuvre de la stratégie des soins de santé primaires

L’adoption d’une approche axée sur les soins de santé primaires peut accélérer les progrès vers l’élimination des maladies via des services de santé intégrés, en mettant l’accent sur le premier niveau de soins, sur les fonctions de santé publique, sur les politiques et les actions multisectorielles et sur l’autonomisation des personnes et des communautés. Renforcer le premier niveau de soins est le moyen le plus efficace de donner accès à la prévention des maladies, à leur détection précoce et à leur traitement. Cela peut contribuer à améliorer l’accès aux interventions sanitaires au niveau de la communauté, à élargir les services aux zones mal desservies et à éliminer simultanément diverses maladies. La stratégie des soins de santé primaires renforce l’ensemble du système de santé, notamment en améliorant le dépistage et le traçage des maladies, la gestion de l’approvisionnement en médicaments, les systèmes de données et les systèmes d’orientation.

Travailler avec des partenaires sur l'ensemble des départements et des secteurs

L’Initiative d’élimination des maladies ne constitue pas un effort isolé déployé par des équipes spécialisées, mais une approche globale nécessitant une expertise dans divers domaines fournie par divers partenaires. Outre la collaboration de secteurs non gouvernementaux, l’élimination des maladies nécessite également celle de plusieurs institutions gouvernementales aux niveaux national et infranational, ce qui peut être difficile, car les questions de santé sont généralement considérées comme relevant de la seule responsabilité du ministère de la Santé ou des autorités sanitaires locales. Cependant, le fait d’envisager le programme d’élimination au plus haut niveau gouvernemental peut garantir une participation élargie d’autres institutions gouvernementales telles que les ministères des Finances, du Commerce et de l’Industrie. La participation des gouverneurs et des maires est également essentielle pour étayer la réponse intergouvernementale, afin de répondre aux besoins des populations affectées dans leur propre contexte. Des approches novatrices, telles que l’accroissement de la production régionale de fournitures, nécessitent une collaboration avec le secteur privé, avec d’autres ministères et avec des partenaires commerciaux. Il est essentiel de tirer parti des stratégies existantes, comme la mobilisation des milieux de la santé et des municipalités saines, pour renforcer la gouvernance, le leadership et l’administration stratégique au niveau local. Lorsque toutes ces institutions s'approprient l'initiative, l'intègrent dans leurs stratégies et leurs programmes et la mettent en œuvre de la base vers le sommet, les priorités en matière d'élimination des maladies deviennent véritablement des priorités pour l'ensemble de la Région.

Transformation numérique du secteur de la santé

L’adoption de la transformation numérique est cruciale pour accroître l’impact de l’initiative. L’OPS et les États Membres doivent tirer parti des outils numériques pour améliorer l’efficience et la portée des programmes de lutte contre les maladies. Il s’agit de la mise en œuvre de systèmes d’information sanitaire interopérables, de plateformes de télésanté et d’applications mobiles pour améliorer la collecte des données, le suivi des patients et la prestation des services, en particulier dans les zones difficiles d’accès. Investir dans les infrastructures de santé numérique et renforcer la capacité des agents de santé à utiliser efficacement ces outils permettra de renforcer la prise de décision et les résultats en matière de santé en optimisant le recueil et l’analyse des données et en délivrant des interventions plus ajustées. Les outils numériques peuvent également améliorer les réseaux communautaires, en rendant les messages, les services et les efforts de prévention de santé publique plus accessibles, même aux populations éloignées ou mal desservies.

Garantir l’accès aux nouvelles technologies

L’OPS et les États Membres peuvent faire progresser les efforts d’élimination en encourageant le recours aux innovations dès le premier niveau de soins et en s’attaquant aux iniquités qui pénalisent l’accès aux technologies. Les principales avancées technologiques incluent l'amélioration des systèmes de surveillance numérique en temps réel, l'amélioration des diagnostics grâce à des tests rapides et à des plateformes colligeant de multiples maladies, la progression de la lutte antivectorielle (par exemple, par forçage génétique, à l’aide d’un ARN messager [ARNm]), l'élargissement de la télémédecine, les techniques d’autoprise en charge pour un dépistage précoce et un traitement rapide, ainsi que la réalité virtuelle pour la formation des agents de santé. Ces technologies peuvent améliorer le suivi, le diagnostic, le traitement et la prestation des soins de santé sur toute la Région des Amériques.

Encadré 7. Coopération Sud-Sud dans la Région des Amériques : le pouvoir du panaméricanisme

L’esprit du panaméricanisme a favorisé une solide coopération en santé publique sur l’ensemble de la Région. Cette philosophie reconnaît que les progrès d’un pays donné profitent souvent à tous les pays, en particulier quand il s’agit de lutter contre les maladies infectieuses négligées qui posent des risques au niveau régional. Les pays ont tiré parti du soutien mutuel, du partage des ressources et de l’échange de connaissances pour relever les défis sanitaires et renforcer la solidarité.

Les partenariats Sud-Sud supposent souvent un transfert de connaissances, un renforcement des capacités et un soutien direct, souvent axés sur la coopération transfrontalière. Ils contribuent au renforcement global des systèmes de santé, les pays appliquant leurs expériences à de nouveaux défis.

La coopération Sud-Sud en matière de lutte contre les maladies a pris de l’ampleur, en témoignent les exemples ci-dessous :

  • Depuis plusieurs années, les pays d’endémie palustre collaborent à la mise en place d’un système visant à améliorer les résultats et les compétences en microscopie du paludisme dans la Région, en s’appuyant sur les points forts des laboratoires de référence et sur les principes de mise en réseau.
  • Le Mexique appuie les enquêtes nationales sur la résistance aux médicaments contre le VIH en fournissant une assistance technique et en couvrant les coûts de transport et de traitement des échantillons pour le génotypage viral.
  • Le Brésil fournit une formation et un soutien technique, et fait des dons d'antirétroviraux à plusieurs pays d’Amérique du Sud.
  • Cuba a formé de nombreux membres du corps médical de la Région et a envoyé du personnel médical dans divers pays pour appuyer des initiatives en matière de santé.

L'OPS et l'initiative pour l'élimination des maladies servent de plate-forme aux pays qui continuent à travailler dans ce but, en facilitant l’apprentissage et l’accès au soutien. Cette approche garantit la progression vers des systèmes de santé plus robustes sur l’ensemble de la Région des Amériques.

Créer des systèmes de santé plus résilients et atténuer les menaces de maladies futures

Malgré les revers dus à la pandémie de COVID-19, l’Initiative d’élimination des maladies continue de stimuler la mise en place de services de santé plus intégrés, efficaces, efficients et équitables sur l’ensemble de la Région, afin d’accélérer l’élimination de plusieurs maladies. Pour garantir la pérennité des engagements politiques et financiers de haut niveau, les États Membres peuvent adopter une approche multisectorielle qui réunit des partenaires sans se limiter au secteur de la santé. En utilisant le cadre d’élimination comme guide, les pays peuvent ajuster leurs interventions à des communautés et à des contextes donnés. Le cadre peut être souple et s'adapter à mesure que surviennent de nouveaux défis et de nouvelles maladies.

Pour renforcer les efforts de préparation aux maladies, l’OPS et les États Membres peuvent travailler en collaboration pour :

  • accentuer la surveillance des maladies grâce au partage de données et à l’amélioration des technologies,
  • renforcer les systèmes de santé, en mettant l’accent sur le premier niveau de soins,
  • soutenir les capacités de laboratoire et de diagnostic, afin de promouvoir des méthodes nouvelles et efficientes,
  • investir en recherche-développement pour les vaccins, les traitements et les produits de diagnostic,
  • élaborer des réseaux fiables pour la recherche de contacts, les protocoles et la communication,
  • investir dans la santé environnementale pour atténuer les impacts des changements climatiques sur la propagation des maladies,
  • intensifier les activités « Une seule santé » pour aborder les liens entre la santé animale et la santé humaine,
  • préparer les communautés par des exercices et une éducation sur les mesures de précaution,
  • investir dans l’éducation pour lutter contre la mésinformation et améliorer les connaissances en santé publique,
  • coopérer au niveau interrégional pour garantir un accès équitable aux ressources.

En renforçant les systèmes de santé pour se préparer aux besoins et aux flambées épidémiques à venir, l’OPS et ses États Membres peuvent appliquer les enseignements tirés et intensifier les pratiques efficaces. Il s’agit notamment de s’attaquer aux iniquités par une approche centrée sur la communauté et sur la personne, qui tient compte des déterminants sociaux et environnementaux et favorise une forte participation communautaire. À l’approche de 2030, ces efforts appuieront également davantage l’Initiative d’élimination des maladies dans son ensemble, tout en soutenant la collaboration régionale pour atténuer les menaces futures liées aux maladies transmissibles. L’intégration par les États Membres de ces stratégies de préparation aux systèmes de santé existants garantira la priorisation cohérente et durable du renforcement de la surveillance, des infrastructures et de la préparation des communautés, même au-delà des situations de crise.

Références

  1. Fitzpatrick C, Nwankwo U, Lenk E, de Vlas SJ, Bundy DAP. An investment case for ending neglected tropical diseases. In Holmes KK, Bertozzi S, Bloom BR, Jah P, editors. Major infectious diseases. 3rd edition. Washington, DC: Banque mondiale ; 2017. Disponible sur : https://doi.org/10.1596/978-1-4648-0524-0.
  2. Lenk EJ, Redekop WK, Luyendijk M, Fitzpatrick C, Niessen L, Stolk WA, et al. Socioeconomic benefit to individuals of achieving 2020 targets for four neglected tropical diseases controlled/eliminated by innovative and intensified disease management: human African trypanosomiasis, leprosy, visceral leishmaniasis, Chagas disease. PLoS Negl Trop Dis. 2018;12(3):e0006250. Disponible sur : https://doi.org/10.1371/journal.pntd.0006250.
  3. The Stop TB Partnership. The paradigm shift: global plan to end TB 2018–2022. Geneva: Stop TB Partnership; 2019. Disponible sur : https://stoptb.org/assets/documents/global/plan/GPR_2018-2022_Digital.pdf.
  4. Joint United Nations Program on HIV/AIDS. Fast track: ending the AIDS epidemic by 2030. Geneva: UNAIDS; 2014. Disponible sur : https://www.unaids.org/sites/default/files/media_asset/JC2686_WAD2014report_fr.pdf.
  5. Sim SY, Watts E, Constenla D, Brenzel L, Patenaude BN. Return on investment from immunization against 10 pathogens in 94 low- and middle-income countries, 2011-30. Health Aff. 2020;39(8):1343–1353. Disponible sur : https://doi.org/10.1377/hlthaff.2020.00103.